Le saxophoniste
Evan Parker explore ses tiroirs, et sort sur son propre label l’enregistrement d’un concert qu’il donna en 1975 à Londres, en compagnie du guitariste
Derek Bailey. L’improvisation portée par deux de ses plus brillants représentants et théoriciens ; en public, il y a trente ans.
On retrouve là quelques gimmicks : attaques sèches et étouffées, mouvements oscillatoires, de
Bailey ; couacs incandescents et nappes apaisantes de
Parker. Tandis qu’en solo le guitariste se laisse porter par un flux insatiable et quelques accélérations internes (
Part 1), il lui arrive de décider d’assauts étouffés de tirants et de cordes distendues pour tout accompagnement (
Second Half Solos).
Inspiré,
Parker multiplie les figures, jetant d’imperméables rauques dans des cascades fiévreuses (
Part 4), affinant des fulgurances aigues qui implorent l’écoute (
Part 2), ou dissolvant de 1000 manières quelques phrases répétées dans cet unique but (
Part 1A). Porté par les volutes déployées jusqu’à saturation de
Bailey, le saxophoniste peut aussi se contenter de trouver discrètement le répondant (
Part 3).
Manuel de mise en condition dans la pratique de l’improvisation,
The London Concert aborde aussi les questions de l’écoute réciproque et de l’inspiration à gérer seul. Elaboration réfléchie, traitée sans diktat, conseils dispersés et exemples à l’appui. Assez probant, en plus, pour convaincre qui doutait encore : l’enregistrement, en musique improvisée, n’est pas que document.
Chroniqué par
Grisli
le 27/06/2005