Pas déconstruit le rock. À quoi bon ? Pas déconstruit, non : explosé, laminé et renvoyé à lui-même. Renvoyé à ses interminables soli de guitare dont l’intérêt s’estompe aussi vite que s’enchaînent les notes (
04). Renvoyé tout le temps à ses énormes riffs, à leur répétition même (
01). Saboté aussi le rock (
05) tant dans le fond (l’usage d’un rythme techno caricatural) que dans la forme (piste interrompue, effacée derrière un bruit presque blanc). Tenu en respect, jusqu’à l’excès. Pas une seconde de répit. Car, si le rock n’est pas déconstruit, c’est qu’on en fait toujours, au sens de son urgence qui s’exprime dans ces riffs boogiesques tranchés par des larsens (
01 et
02). Au sens encore de cette batterie au charleston ouvert non par style, mais par nécessité, afin de soutenir le bruit engendré par la saturation, une batterie dont les toms sont violentés, agressés, littéralement martelés (
03).
5 morceaux anonymes pour un EP qui l’est tout autant. 5 morceaux livrés sous une forme brute, en somme. C’est dire qu’il s’agit de faire du rock comme si cela n’avait aucune importance. Faire du rock comme s’il n’avait jamais été qu’un jouet que l’on démonte pour voir comment il est fait tout en se doutant bien que l’on ne parviendra pas à le remonter comme il était à l’origine. Tout cela,
Oxes le fait non sans une certaine subtilité dont atteste largement, par exemple, la sinuosité même de la structure du premier titre. Mais, le savoir, cela ne fait qu’accentuer cette envie presque primale de monter le son et d’être un sale gosse pendant une vingtaine de minutes. D’ailleurs, n’est-ce pas en cela que réside la fonction principale du rock ?
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 23/06/2005
