Projet genevois sous le nom duquel s’abrite
Laurent Peter,
D’incise n’a de cesse de construire des pièces rythmiques minimales, aboutissements d’efforts programmés sur ordinateurs. A l’écoute,
Les dérives ne demandent pas longtemps avant de parler pour leur auteur, francophone déboussolé, élevant des constructions pour pas grand-chose, mais publiées quand même.
Qu’elles, au moins, passent la frontière ; et le pas grand-chose sera devenu déjà ça. A coups d’ambient raffinée (
Grillages,
Incertain), de ricochets entre lesquels se glissent de timides comptines (
En attendant…),
D’incise rêve sans doute de fuir un pays qui, depuis longtemps, l’a endormi.
Des surbasses carnivores investissent les champs libres (
L’imaginaire,
Escarmouche entre deux courants d’air) et quelques fulgurances brèves viennent interrompre les monopoles graves (
L’urbaniste insouciant). Voilà pour les décors, plantés pour accueillir des tentations mélodiques (
Rêverie stochastique sur fond bleu), ou construits, même, par une boucle de piano décidant de la suite programmée à donner à l’ensemble (
Perturbation climatique).
On trouve aussi, sur
Les dérives, des écarts de langage : à écouter (
Opposition,
Effort pulmonaire) ou à lire (et qui prouvent qu’on a parfois plutôt intérêt à numéroter ses morceaux). Peu de choses, pourtant, à reprocher à cette marque d’allégeance de l’électronica suisse à son homologue allemande. De ces dérives qui rapprochent.
Chroniqué par
Grisli
le 14/06/2005