Gravité Zero

Sorti en 2003, l’ album éponyme de Gravité Zéro avait fait grand bruit par son audace, sur la forme comme sur le fond, tant pour ses élucubrations lyricales que pour ses productions décalées, où l’électronique battait le rythme d’une décadence annoncée mêlée d’un humour second degré, espiègle et vachard. Le Jouage et Delleck, dûment accompagnés par une nébuleuse de talents aussi disparates qu’inspirés (dDamage, AKA, Stacs of Stamina, Cinelux …), revisitent aujourd’hui ce catalogue sans rien perdre de la fraîcheur originelle.

Dust aka Peter’ Son, responsable sur le premier opus de la production d’Infini, déclenche le premier les hostilités et donne d’emblée le ton : ceci n’est pas (uniquement) un disque de hip hop. Electronica, electro tech, ambiant ou blip & click, les multiples styles s’enchevêtrent, invitant l’auditeur à une attention toute particulière pour ces textes délirants ainsi retranscrits. Les flows sont calés sur des instrus qui, loin d’étouffer le propos, le servent et l’alimentent (Planet, , 4ième type …) en substituant un nouvel habillage, un nouveau décor à ces histoires de villes irradiées et de planètes chimériques.

Les suédois de Stacs of Stamina, moyennement inspirés sur ce coup ci, se contentent du minimum avant que D’incise, l’un des fondateurs du collectif genevois Audioactivity, réécrive au travers d’une electronica minimaliste de toute beauté, un Infini méconnaissable. Il s’agit sans doute là de la force de ces remix, cette liberté totale de remodeler à loisir la matière brute, sans souci de « coller » à l’original. Delleck se remixe lui-même, passant du Dj 3ième type de l’original au 4ième type, troquant le costume kitsh pour une veste electro tech traversée de riffs rageurs, AKA fait mouche avec un Hall 9000 bluffant et addictif tandis que les désormais incontournables dDamage électrifient définitivement l’ensemble (Trou Noir).

Les deux compères se sont également prêtés au jeu et se lâchent sur leurs propres titres (mention spéciale à Deufré Le Jouage remixant Delleck sur Planet) pendant que Cinelux, trio rennais (dont Stuntman 5) quelque part entre post rock, electronica et abstract hip hop, enfonce le clou avec un Anti Matière détonnant. Detect (Langage Computer, Klub des Loosers), quand à lui, continue de semer ses scratch aux quatre vents, s’accordant à merveille avec le combo délirant.

Larseine (frère de Delleck, en charge de la production pour Plein d’étoiles et 3801 sur le premier album) ferme la marche sur une note d’abstract gonflé aux cuivres et aux cordes rehaussé par un enregistrement holophonique … avant que les dernières secondes de l’album ne laissent entr’apercevoir le début de Progeria Solaire en live, incitant malicieusement à enfoncer de nouveau la touche Play. Et à se perdre une nouvelle fois dans ce monde où « les artistes font du rap et les rappeurs font de la compta », nettement plus drôle, vous en conviendrez, que notre morne quotidien …

p.s : info sur les systèmes holophoniques sur le site de l’ IRCAM

Chroniqué par Oropher
le 10/05/2005

Tags : Gravité Zero | RMX | 0101 Records | Hip-hop | électro

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