On écoute
Melted Fake Plastic, second album de
Stuntman 5 (également connu en tant que membre de
Cinélux), ses influences noisy, sa fausse sortie de l'electronica pour mieux y intégrer bavardages et matières pop, et on ne peut s'empêcher de penser à la démarche du
dernier album d'
O.Lamm.
A la démarche, uniquement, parce que non,
Stuntman 5 n'est pas un copiteur, il a sa manière bien à lui de faire vriller et claquer les kits rythmiques, d'étirer et distordre des nappes saturées, avec à la clé une certaine désorientation cérébrale. Néanmoins, les influences sont là, bien présentes : l'album démarre un peu comme l'album éponyme de
cLOUDDEAD, et ce côté anticon-et-nouveau-hip-hop-indé-trauma se vérifie sur
Exit stencil shift (dans un pastiche de
Dose One gênant) et
Your movie mint, rappés par
Moot & Lip (rencontrés sur un réseau de peer-to-peer, nous vivons dans un monde formidable), et dans les interventions de
The Patriotic Sunday, entre spoken word et accents pop. L'autre source, qui apparaît très clairement dès
Ps Poetry, c'est le shoegazing, à travers des nappes saturées compactes et ominprésentes.
Si ces textures sont parfois gracieuses (le morceau instrumental
Guitar Geek est un des meilleurs moments) , la force mélodique de
My Bloody Valentine est un peu perdue dans la volonté d'hybridité, le mix (réalisé par les collègues
Audiopixel et
Tony-Ottonecker de
Chevreuil) n'évite pas toujours une surchage lassante sur la longueur, et cela se ressent particulièrement dans le dernier tiers du disque. On en sauvera surtout l'attachant bavardage sans foi ni loi ni sens, qui donne des choses comme : "my brother is on the way to find a job of preacher / he's reading poetry with a playstation", mais on reste déçu : l'originalité de
Stuntman 5 est un peu ecrasée par les expérimentations majeures du hip-hop et du rock indés. En tentant d'en orchestrer à son tour la rencontre (alors que le noisy rock ou
Boards of canada sont déjà des influences pour les groupes de
Dose One), et en dépit de vraies idées, il fournit finalement un jeu de piste de série B. Ce qui ne nous empêchera pas de guetter le prochain épisode, comme chaque disque labellisé Effervescence.
Chroniqué par
Guillaume
le 07/05/2005