Guillaume Berroyer aka
Ark a un CV d'activiste insatiable dans la dance music underground. Prenez votre respiration. DJ, "fils de" Jackie Berroyer, allié de
Pepe Braddock au sein du duo culte
Trankilou, de
Dj Shalom pour le projet excentrique
Shalark, responsable de différents EP et mini-albums de haute tenue -
Keuhar,
De derrière les fagots,
Siderurgie Esthétik... - et de
Alleluyark en 2003, qui n'était qu'une compilation de maxis. Expirez, inspirez. Voilà maintenant
Caliente, trait d'union désinvolte entre deux écoles, celle du funk (américain) et celle de la click / micro-house, principalement représentée par les Allemands et des labels comme Playhouse ou encore Perlon, qui distribue justement cet album hors France (où Pias s'en charge).
Après une variations de guitares sèches charcutées sur un groove farceur (
a.p day), on retrouve tout de suite la passionaria ludique qui fait le charme et le talent de
Ark sur le swing sautillant de
monapster. Mais c'est avec
Preacher que l'on rentre dans le vif du sujet : boucles incongrues filtrées lo-fi, rythme minimal addictif, et le message d'un prêcheur black brûlant, qu'on dirait tout droit sorti d'un disque de
Moodyman, cuté avec panache. Un peu plus loin, l'hypnotique
Eigil, et puis, lady and gentlemen, "turn the music on / that's right / cos' i know you can't do it / i know you feel it : i like the way your BOOTY shake HAN HAN", voilà
Sucubz, le hit absolu de son EP
Le Magicien d'Os, booty/shake/bass track d'avant la hype, "sing it with me / are you so nasty ?", simplement imparable.
Comme si cela ne suffisait pas, on passe de l'allumage à la sensualité avec
R2D2, dans ce qui est indéniablement le "moment séduction" de l'album. C'est
Jamie Liddel qui assure les vocalises soul (on attend d'ailleurs son étonnant album dans ce registre) avec le feeling parfait, oui, celui qui vous fera conclure à coup sûr. La fin réserve encore de bons moments, avec le déglingué
Fuites de Gaz en duo avec
Agoria qui témoigne encore une fois (cf.
1g2c) d'un attrait pour les basses crades qui font "bwwizz bwwz" , attrait partagé par son compère Mr Oizo. Et en conclusion idéale, cinq minutes mentales intitulées
Me and My W.
En résumé,
Caliente est du type intello sudaméricaine qui ne s'offre pas d'emblée au plaisir charnel. Elle provoque, tortille du cul sur des lignes mélodiques filiformes, dans leur plus simple appareil, vicieuses et suantes, jouant sur notre frustration avec ses mensurations 100 bpm. Elle nous guide dans un bordel moite où on croise
Herbert perverti par des transexuels qui s'entrainent au talk-over sur des grooves déviants et obsédants, jusqu'à l'écoeurement. Peut-être moins direct et acessible qu'on aurait pu l'attendre,
Caliente est quand même l'album qu'il fallait, celui qui pourrait amener de nouveaux auditeurs vers les fantaisies épicées d'un artiste définitivement à l'écart des arkétypes.
Chroniqué par
Guillaume
le 29/04/2005