Depuis 1998,
Gebhard Ullman et
Jürgen Kupke abordent en trio la question de la clarinette. En compagnie de
Theo Nabicht, dans un premier temps, et maintenant aux côtés de
Michael Thieke, ils inventent, au sein du
Clarinet Trio, autant d’approches rares de l’instrument que de compositions alambiquées destinées à en faire redécouvrir les richesses.
Signés
Ullman lorsqu’ils ne sont pas improvisés, les morceaux de
Ballads and Related Objects multiplient les propositions : harmoniques évasives et entrelacements entêtants, choix ou refus du jeu à l’unisson pour l’interprétation de ballades apaisantes (
Desert…Bleue…East), de mouvements extatiques (
29 Shoes) ou de blues revisité (
Collective N°.10 (Lines)).
Gimmicks contrôlés, les ruptures, de rythmes et d’intuition, distillent leurs poisons délicats à l’écrit (
Seven 9-8, suite éléphantesque majestueuse) comme à l’improvisé (
Collective N°.9 (Part 1-4)). Ici, elles permettent aux tentatives funambules de croître et de multiplier (
Déjà Vu (Theme)), tandis qu’ailleurs, savamment positionnées, elles permettent aux clarinettes de lutter contre l’installation du silence en usant des silences (
Déjà Vu (Variation 2)).
Ceci n’empêche en rien le trio de distribuer les solos agressifs ou les tournures rythmiques chaleureuses. De basses enivrantes en élucubrations aigues, la maîtrise pour principal fil conducteur,
The Clarinet Trio fait preuve d’inspirations variées tout en menant, soudé, une quête homogène de l’inédit musical. Trois clarinettistes à atteindre, ensemble, le but qu’ils s’étaient fixé.
Chroniqué par
Grisli
le 01/02/2005