Second maxi pour
Wax Tailor, et l'occasion pour l'artiste de poursuivre son crossover entamé avec
Lost the Way. Première remarque : l'entreprise de JC Le Saoût se place en référence appuyée au patrimoine américain, qu'il s'agisse des musiques blacks ou du cinéma. Des disciplines "reformulées" sous la forme d'une mosaïque de samples, courant sur les huit titres ici proposés.
Comme son titre l'indique, ce nouveau teasing se base sur un dyptique : d'abord,
Que Sera, une ballade soul recomposée, agrémentée d'une juxtaposition de dialogues, qui passe dans les oreilles comme un downtempo d'ambiance, air légèrement nostalgique, parfum éphémère. Dans un second temps,
Where's my heart at, hommage revendiqué au hip-hop, ici sous une forme orchestrale, le refrain suivant l'équation "sample vocal + violon + xylo = gimmick accrocheur".
A la mesure du résultat, tout en évidence, presque tubesque à sa façon (la structure reste couplets/refrain), on se demande si, malgré la révérence adressée à la culture afro-américaine, il n'y a pas un problème éthique. En effet, et sans sombrer dans un discours réactionnaire contre l'utilisation du sample en général, on s'aperçoit que la partie essentielle de ces morceaux s'apparente parfois à un mégamix funk, avec en conséquence une originalité mineure - dans cette vision, autant écouter certains enregistrements live de turntablists. Les puristes dénonceront des samples trop faciles, "abusés", une essence du hip-hop un peu édulcorée en comparaison des
Dj Shadow ou
The Herbaliser, pour citer des compositeurs "orchestraux". En ce sens, il est à craindre que
Wax Tailor se rapproche d'un
RJD2 habile et fédérateur à défaut d'être inspiré. Voilà pour le bémol.
Heureusement, certains élements sont porteurs d'espoir : la présence des rappeurs
The Others, qui viennent incarner
Where's my heart at (comme
Infinite Livez assurait le rap de
Eye Drink sur le précédent EP), et accréditer dans leurs rimes la passion pour les
Niggers With Attitude et autres
Public Enemy ; et la volonté d'un vrai live, qui font espérer l'orientation vers un mode de production peut-être plus créatif, moins limité - comme ont pu se le permettre les
Troublemakers sur leur dernier opus. Après donc l'exercice de style sampladélique en home-studio, agréable et qui peut attirer un large succès, on attend de voir émerger un talent français de hip-hop orchestral plus affranchi - c'est d'ailleurs aux beats les plus bruts (
Live form Earth) qu'on adhère.
Chroniqué par
Guillaume
le 24/12/2004