Comment appréhender
Regain de Tension, deuxième album de
La Rumeur, sans avoir encore en tête
L’Ombre Sur La Mesure, consécration de 10 ans d’activisme hip-hop sur une galette particulièrement inspirée ? Que penser de la médiatisation actuelle dont le groupe fait l’objet, nous rappelant que la rumeur parfois se propage, et que dans ces cas là, elle est attendue de pied ferme au tournant ? Qui plus est quand, comme pour donner raison aux sceptiques,
La Rumeur se gratifie d’un passage télévisuel encore tout frais et peut-être pas indispensable ?
Fort de ces considérations, on passera rapidement sur les détails qui ont amené cette effervescence somme toute relative pour se concentrer sur ce
Regain De Tension qui semble déjà bien porter son nom avant même l’écoute, et qui vérifie fermement cette impression au bout de trois morceaux. Abandonnons donc tout de suite une éventuelle idée de continuité ou même d’affinité sonore avec
L’Ombre Sur La Mesure. Soul G, désormais seul aux commandes, a choisi de tailler ses instrus à la serpette, et fait littéralement transpirer du disque le climat hardcore dans lequel il semble avoir été conçu.
On notera donc que l’évolution de la production s’est faite à l’envers, distillant des instrus aux relents d’electro glacée, minimalistes, et presque mises en retrait, comme pour laisser l’impact aux textes résolument plus crus qu’auparavant.
Ils Nous Aiment Comme Le Feu et sa fausse nonchalance,
P.O.R.C qui avec le recul ne pouvait pas mieux annoncer le ton de ce nouvel album lors de sa sortie en maxi,
Inscrivez Greffier où Hamé livre brutalement son ressenti direct des déboires judiciaires dont il à fait les frais récemment sur un refrain en forme de bras d’honneur…Seuls
L’Encre Va Encore Couler et
A Nous Le Bruit semblent souffrir de l’orientation minimaliste adoptée, un peu dommage pour un album déjà court contenant deux morceaux déjà sortis.
L’urgence dans laquelle le disque à été réalisé (enregistré en quelques jours) lui sert au moins autant qu’elle lui porte préjudice. Le choc frontal de
Nous Sommes Les Premiers Sur… qui clôture l’album, véritable manifeste hardcore où Philippe lâche un couplet de barbare, ne pouvait pas faire meilleure conclusion. En dépit de cela, il reste un arrière goût un peu amer, qui donne au disque cette texture de l’instant. L’impression qu’il a été envoyé comme une patate directe dans la tronche des détracteurs actuels lui fait gagner en intensité ce qu’il perd en harmonie et en subtilité. Mais cette impression personnelle n’entache pas la réelle volonté du groupe à livrer un disque sincère, un peu difficile à détacher de son contexte, et de ce fait risqué, mais profondément assumé. Et résolument hip-hop.
Chroniqué par
WakMc
le 15/11/2004