Première signature du label
Morr Music en 1999,
B. Fleischmann est rapidement devenu un poids lourd de la scène électronique contemporaine. Après un
Welcome Tourist encensé par la critique, il revient en compagnie d’
Herbert Weixelbaum, guitariste classique dont le parcours ne laissait entrevoir aucun rapprochement de ce genre il y a quelques mois.
Enfin, presque aucun. Car
Herbert Weixelbaum, tout comme son nouveau compagnon de jeu, est fasciné par la Groovebox MC-505 de Roland. Véritable centrale à déformer les sons, cette console constitue le squelette mécano-musical de
Late, sans pour autant restreindre les envies respectives des deux membres de
Duo 505. L’amateur lambda d’electronica allemande ne sera donc pas dérouté lorsque débutent les percussions saccadées et la basse de
Tsip Tsap. Mais il risquera d’être plutôt surpris par la mélodie gourmande qui domine ce premier titre, ainsi qu’une facette importante de l’album.
Pour résumer,
Late s’écoute comme une lutte perpétuelle entre les bidouillages électroniques de
Fleischmann et l’instrumentation plus atmosphérique de
Herbert Weixelbaum, tout en gardant cette homogénéité et cette fraîcheur qui assure sa réussite. Un constat qui s’impose de lui-même dès l’ouverture de
Isdj 08, où les nappes du guitariste se mêlent sans le moindre accrochage aux beats du producteur, pour se terminer dans une envolée digitale du plus bel effet, bleeps déstructurés à l’appui. La formule est imparable : les muscles du visage se détendent et l’esprit se met à divaguer dans un univers atemporel et délicieusement léger.
La suite de l’album évite, dans son ensemble, les éventuels accrochages, malgré quelques baisses de régime durant lesquelles la logique de crescendo privilégiée par les deux artistes se fait moins naturelle. Illustration flagrante avec la guitare acoustique de
Toru Okada, sur laquelle les textures de
B. Fleischmann semblent parfois en léger décalage. Dans un autre ordre d’idées, l’omniprésence des mélodies alourdit tout de même la fin du disque, avec un
Disko+Bett qui devient rapidement lassant.
Une fois passées ces petites réserves,
Late se révèle comme une bonne surprise pour les aficionados de
B. Fleischmann, qui s’aventure ici dans des contrées plus organiques et mélodiques que par le passé. Certes, les heureux possesseurs de
Welcome Tourist ne trouveront pas forcément leur compte, tout comme les auditeurs quelques peu réfractaires à la consonance pop des dernières sorties
Morr Music. Il n’empêche que ce premier album de
Duo 505 reste un projet débordant d’idées, de beauté et d’émotion. Un excellent disque de pop electronica, somme toute.
Chroniqué par
David Lamon
le 02/11/2004