A vrai dire, on attendait pas grand chose du
Swayzak nouveau.
Loops from the bergerie sort après
Dirty Dancing (à l'époque en plein synchronisme electroclash), garde
David Brown,
Richard Davis et
Clair Dietrich aux vocaux, et y ajoute la so-hot-'cause-frenchy
Mathilde (celle du petit tube
Autour de Toi, exactement). Pas de croyances démesurées, comme un Japonais en placerait dans un beaujolais, donc. A tort, cet album se révelant être un bon cru. Et le fait qu'il ait été affiné dans un studio en campagne française nous conforte dans cette idée, chauvains que nous sommes.
Passez le single
Keep it Coming, un peu raté ; surprenez-vous à accrocher sur l'obsédant refrain de
Another Way, en remplacement, et à vous laisser porter par la ballade
Snowblind.
Swayzak cultive un équilibre ingénu entre électronique habile et classe, dans une veine techno-dub Kompakte, et la chanson nu-wave à passer en after, avec ces nappes subtiles qui font très bien effet (
Bergerie). Brown et Taylor, épaulés ici par le fidèle ingé son
Kenny Paterson, sont en somme de ces rares producteurs en qui on peut avoir raisonnablement confiance pour nous apporter un plaisir spontané sans verser dans des rengaines racoleuses, même lorsqu'il s'attardent sur
Speakeasy à développer une matière electro-rock nettement plus clubby et inflammable. A cet égard, on remarque que les instrumentaux ne servent nullement de remplissage, prolongeant l'atmosphère dark et trouble avec talent (
Then there's her).
Avec cet album, on s'invite à un bal masqué pas très ohé ohé, où derrière les loups une séduction ambivalente s'opère. On imaginerait presque le Kubrick des scènes les plus intrigantes d'Eyes Wide Shut revenir pour orienter la danse. Les réminiscences cold wave ne sont peut-être pas ce qu'il y a de plus hype en 2004, mais le disque porte toujours un certain côté tendance, dû à la production très contemporaine. Qu'il soit anachronique ou pas, pas question pour nous de se priver de ce franc et simple plaisir.
Chroniqué par
Guillaume
le 27/10/2004