Après l’excellent album de
Tlone et la compilation maison de haute facture
Seriously Underground Shit… (sur laquelle on retrouvait déjà
Infant), le jeune label parisien
Musikexperience redessine les contours qu’on lui avait trop rapidement assignés, s’éloignant alors pour un temps des productions électroniques au profit d’un OVNI musical issu de l’univers personnel d’
Infant, décidé pour cette production à ne recourir qu’à l’acoustique.
Après un premier album
Growing Up sorti sur Neo Ouija en 2002,
Infant prend donc ici les chemins de traverse et s’essaye ainsi, non sans un certain succès, à un tout autre registre. Conçu dans un premier temps comme simple distraction par
Andrew Fearn alias
Infant,
Pony Gear va peu à peu se transformer en tout autre chose, au fur et à mesure des attentes et envies de son auteur : contre-pied de ses travaux habituels, "coincé" derrière un PC, réaction face aux productions actuelles, goût pour l’instrumentation acoustique, en particulier pour la guitare...
De ces choix, agrémentés de collaborations (
David Keye et
Tim Williams, guitare et ukulele), émerge alors un album concept, incitant à une profonde introspection de par son caractère résolument intimiste, son apparent amateurisme, renforcé par les structures lo-fi minimalistes qui émaillent l’album, conférant à l’ensemble un aspect bancal et fragile. Les voix susurrées, posées comme maladroitement ici et là, résonnent en écho à l’ambiance ouatée qui imprègne l’album, l’aspect expérimental et l’humour achevant de donner formes et couleurs à cet opus atypique qui, au choix, déroutera ou enchantera.
Définitivement lo-fi dans l’esprit comme dans la structure,
Pony Gear séduit pour les mêmes raisons qu’il agace : minimaliste, imparfait, bizarre et envoûtant... autant de traits qui font sa force et sa faiblesse. Un album où se dessinent les envies, passions et contradictions qui peuvent traverser son auteur. Un album personnel ouvert au monde : à chacun de se l’approprier désormais...
Chroniqué par
Oropher
le 07/10/2004