Déjà auteur (avec son comparse
Low Budget) d’une mixtape très remarquée (
Never Scared) sous le nom d’
Hollertronix,
Diplo déboule ici avec un premier album griffé Big Dada et assène un grand coup dans la paysage « electro-rapologique-bass music ».
Soit donc
Florida, du nom de l’état où il grandit, album hybride et polymorphe où se côtoient les multiples influences et aspirations de son auteur : bastard hip hop, booty breaks halluciné accomplissant parfaitement son « devoir » (ndlr : faire bouger les culs), sons claquants et clinquants, enchaînements millimétrés de séquences aux antipodes les unes des autres … rien ne résiste au
Diplodocus ainsi armé. Le voyageur oscille alors entre sérénité et excitation, le capitaine se refusant à conserver un cap précis, préférant jouer avec son auditeur au rythme de lourdes basses (seule constante de cet opus), s’appuyant sur des lyricists de renom (
Marina Topley Bird, remarquée lors de ses prestations aux côtés de
Tricky,
P.E.A.C.E des
Freestyle Fellowship ou encore
Vybz Cartel), rajoutant ainsi une nouvelle touche à un ensemble déjà bigrement riche et inspiré.
Douce comptine en guise d’introduction (
Florida), attaque en dessous de la ceinture à mi-parcours (
Diplo rhythm), breaks et cuts acidulés pour finir (
Works, Summer’s gonna hurt you), le vaste terrain de jeux et d’expérimentations de
Diplo ne semble souffrir d’aucune limite, celui-ci réussissant en même temps le tour de force de conserver une âme et une unité à un ensemble pourtant si disparate.
L’album est ainsi à l’image de l’état auquel il emprunte le nom : bigarré mais pas foutraque, puant de sueur mais suintant de beats vifs et secs, armé de parures crados ou se présentant sous ses plus beaux atours, chaud bouillant comme le soleil à son zénith avant de se draper des plus apaisantes couleurs d’un crépuscule d’été …
Diplo se fout des convenances autant que des styles et autres étiquettes, s’essayant à tout avec un certain succès.
Casse-tête du chroniqueur en mal de catégories,
Florida ravira tout ceux pour qui la musique ne connaît pas de frontières. Idéal pour une rentrée bancale et indécise, entre retour au calme et furie estivale.
Chroniqué par
Oropher
le 19/08/2004