Imaginez la scène. En arrière-son les couverts, les verres qui s’entrechoquent, les gens qui parlent et qui rient de ce qu’on devine être un cabaret miteux avec au milieu un pauvre chanteur neurasthénique qui tente entre deux larsens de convaincre son public de ploucs ou peut-être seulement lui-même que "Tonite, it's gonna be a wonderful night / Tonight, it's gonna be a great show". Et quand la fanfare se met à jouer, vous riez. Voilà le tableau d’ouverture du troisième album de
Sharko,
III.
Ici en France, il serait facile de passer à côté de ce nouvel opus du trio belge.
Sharko n’a en effet pas vraiment convaincu avec ses deux précédents albums,
Feuded et
Meeuws2. Pas de producteur aux talents internationalement reconnus ; David Bartholomé, le leader du groupe, s’est chargé de mettre en son son
III. Pas de chanteur-vedette ; le même David Bartholomé n’a ni la voix, ni la plume de Thom Yorke ou de Neil Hannon. Mais qui s’en plaindra ? Ce que propose
Sharko est tout autre.
Le rock de
III dégage une bonne humeur réjouissante. L’humour et la dérision du morceau inaugural,
Tonite, se retrouvent tout au long de l’album, l’exemple le plus flagrant, mais pas forcément le plus réussi, étant
Luv Mix, morceau sur lequel
Sharko se livre à une parodie bouffonne de hip-hop : chœur gonflé à l’hélium, beat caricatural et textes ridicules. Le trio belge va généralement au plus simple, au plus efficace. Guitare, basse et batterie, pas grand-chose en plus, si ce n’est ici ou là quelques petits effets électroniques. Avec une énergie toute ludique,
Sharko enchaîne des morceaux accrocheurs aux paroles drôles et d’autres malheureusement un peu plus insipides.
Si
President,
Spotlite et
Y.M.C.O. sont d’excellents morceaux, tous des tubes en puissance, la perle de l’album est sans aucun doute
Ripoff. Une grosse ligne de basse, un refrain superbe plein d’intensité et ce monologue sur répondeur à la fois burlesque et émouvant, terriblement humain. C’est sûrement ce qui fait la valeur de la musique de
Sharko, par delà toutes ses imperfections, son humanité.
Chroniqué par
dfghfgh
le 18/07/2004