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Programme

: Mon cerveau dans ma bouche



sortie : 2000
label : Lithium records
style : Electro-rock / Spoken word

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Tracklist :
01/ Demain
02/ Le meilleur moment pour y rester
03/ Boomerang
04/ La salle de jeux et la peur
05/ P.O.L.I.C.E.D.U.M.O.N.D.E.P.A.R.O.D.I.Q.U.E
06/ Le jour est le brouillon de la nuit
07/ Des singes déboulent de partout et tabassent tout ce qui passe

Mon cerveau dans ma bouche est un album ambitieux, de ceux qui obligent le chroniqueur à aborder une quelconque tentative d'analyse avec humilité. D'entrée, Arnaud Michniak crache : "(...) l'idéalisme. Ce disque est son fruit. Et aussi une grosse merde. Tous les disques sont de la merde.. Intro à leur univers pour le moins directe... Sous cette accroche stylistique d'une provocation dont il n'est pas dupe, comme il le précise, Arnaud clame déjà le dégoût, né de la conscience de ses limites. Avec les espoirs, les idéaux utopiques comme seule alternative à des compromis que son intégrité refuse : "Certains s'arrangent avec leurs illusions. certains trouvent de quoi être sereins. Ce morceau, c'est Demain : une montée rock foudroyante qui présente déjà, sans détours, les caractéristiques qui apparaîtront dans les thèmes abordés par Programme : lucidité aveuglante ("c'est le disque de quelqu’un qui sait, qui n'en retire aucune fierté"), plume cinglante, densité de réflexion, désillusions : "Demain c'est parler de cailloux lancés dans un lac, et de l'horreur qui est belle, de l'horreur qui est vraie".

Programme déchire les interfaces et abolit la distance de l'auteur à la chanson et de la chanson à l'auditeur : apostrophe à la seconde personne du singulier et autofiction ("celle ou celui qui voudra de tes nouvelles aura la Fnac comme boîte aux lettres"). Difficile de faire abstraction du discours de Le meilleur moyen pour y rester et de ses images fortes ('mon cerveau dans ma bouche", le suicide, le "monde parodique"). Mais à la composition, Damien Bétous ne démérite pas, dans un accompagnement adéquat à base de plaintes sonores (échappées de sa formation électro-acoustique), d'harmonies hors-contexte et de guitares perturbées.

Il développe le même à-propos dans les correspondances textes-son quasi-synesthésiques de Boomerang, la chronique sombre de La salle de jeu et la peur (ambiance noire et samples à la texture presque concrète), ou encore avec l'abîme en forme de zapping dissident sur P.O.L.I.C.E. D.U. M.O.N.D.E. P.A.R.O.D.I.Q.U.E, titre qui nécessite définitivement une écoute attentive pour en saisir parfaitement l'esprit, qui concerne les sujets de la Fin, de la fuite. L'aliénant Le jour est le brouillon de la nuit est un autre exemple de cette pertinence. Sons et prose y progressent dans un même mouvement, évidemment hors-formats.

Après Des singes déboulent de partout et tabassent tout ce qui passe, récit ovni relativement court, vient la déflagration d’Et après ?, entre accroche haletante, imparable, et crashs soniques, avec toujours des mots crus, violents, cruels.

La matière hybride, qui intègre une programmation maîtrisée sans brider l’inspiration aventureuse, appuie inexorablement les lyrics glaçants. Cette fois-ci, la dérision par quelques hypocrites d’une rébellion toute adolescente paraît impossible. La révolte est sous ces paroles, qu’on trouvera finalement infiniment plus censées que les rengaines lisses des institutions de la contestation. Des critiques d’une justesse prophétique pour les recalés d’une société jugée hostile et sinistrement absurde. Mon cerveau dans ma bouche peut être un réveil, pour les « singes » qui ne savent que depuis trop longtemps que « bien faire le bien, c’est mal faire le mal ». A cet égard, Je sais ou je vais est dangereusement subversif. Une énonciation terrassante que les âmes grégaires fuiront.

Pour d’autres, déjà avertis, les amateurs de Houellebecq en observateur sans leurres de l’espèce, de l’ironie désespérée de Fuzati, voire auditeurs du Bertrand Cantat de L’Homme pressé… Pour les éternel(le)s Antigone, les asociaux assumés ou encore les simples consciences éveillées, ce Programme est pour vous, et si vous ne l’avez pas encore découvert, l’expérience s’impose. Vous apprendrez encore comment la rage peut devenir vecteur d’une forme de maturité.





Chroniqué par Guillaume
le 07/07/2004

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