Il serait facile de vilipender
Syd Matters. Au fond, à quoi ce jeune auteur, compositeur et interprète doit-il sa présence dans les pages de la presse musicale, sinon à un concours organisé par un magazine à la tendance passée ? Cependant, s’en tenir à cette question, ce serait oublier la musique.
A Whisper and a Sigh est loin d’être parfait, mais il est surtout très loin d’être mauvais.
La musique de
Syd Matters révèle plusieurs facettes ; elle est mouvante, changeante, oscille entre les genres sans jamais se laisser enfermer, sans jamais se déterminer définitivement. Certains affirmeront que le parisien joue un rock sophistiqué aux sonorités riches et aux arrangements complexes et d’autres que
A Whisper and a Sigh propose une série de pop songs enchanteresses aux mélodies simples et évidentes. D’aucuns encore mettront en valeur le versant folk de l’album et ses ballades sensibles, précieuses occasions de duos chant/guitare sèche, et les derniers enfin l’électronique planante des claviers vintages.
Radiohead et
Grandaddy ne sont pas très loin,
Pink Floyd et
Robert Wyatt non plus.
Ecouter
A Whisper and a Sigh, sorte de B.O. aux pendants merveilleux des films de Tim Burton, c’est s’immiscer dans un univers onirique aux atmosphères tendres et douces. Jamais
Syd Matters ne violente son auditeur. Au contraire, il le berce, l’emmène délicatement dans des contrées magiques au son de sa voix mélancolique légèrement brisée, signe des blessures passées. Pourtant jamais la musique du parisien n’accable. Aucune pesanteur noirâtre ici, mais toujours cet espoir : "…believe your summer is coming soon".
Syd Matters n’est pas toujours aussi inspiré. Certains morceaux sont même tout simplement ratés. Ainsi sur
Stone Man un loop rythmique simpliste et un clavier d’une laideur niaise gâchent-ils une superbe mélodie vocale et des élans fougueux de guitare. Ce serait néanmoins faire la fine bouche que de dénigrer
A Whisper and a Sigh. Il reste des progrès à faire, rien d’étonnant quand on vient de sortir son premier album.
Chroniqué par
dfghfgh
le 02/07/2004