Sugar Plum Fairy est de ces coups de cœur intimes qu'on hésite à faire partager, comme un secret que l'on tient à garder pour soi. Cependant, les qualités de l’auto production de ce trio (Aurélien au piano/chant, Sylvain à la basse et Nathalie pour des vidéos qui font décoller la prestation scénique), intitulée
Matanuska, mérite d'être clamées. Prenons donc le risque de corrompre le charme fragile de cet essai par quelques adjectifs hasardeux...
Picture nous introduit dans l'univers des " Sugar' " (il s'agit d'intimité, vous dis-je, et pourquoi pas " SPF " encore !). On y repère immédiatement la voix d' Aurélien, d'une tessiture masculine, humaine, vibrante. Un chant légitime donc, qui touche par conséquent plus que les tentatives fades qui s'accumulent dans ce registre (de Moby à 3D en passant par
Air) ; d'autant plus légitime qu'elle est installée par des mélodies très séduisantes en un solide songwriting.
Car ce sont bel et bien de vraies chansons qui se dessinent là. En ces temps de retour vers un format pop pour des raisons plus ou moins mercantiles, le groupe semble lui partir de compositions "traditionnelles" pour intégrer l'électronique. Là encore, c'est une réussite, car l'économie de moyens (claviers, effets, breakbeats très lents mais lourds sont le dénominateur commun) ne renforce que mieux la cohérence des cinq titres.
Des pièces lyriques, romantiques, sensibles, tel ce
monochrome, ou ce
Winded Curses hanté. Et pour transmettre ces émotions universelles avec le même succès que d'autres plus reconnus (
Radiohead ?), que leur manque-t-il ? Rien, serait-on tentés de dire, ou peut-être un mastering signé Nigel Godrich, pour les plus exigeants...
Même si ceux là critiqueront les imprécisions de certains passages (peu rapportés à l'ensemble mais c'est là aussi qu'Aurélien nous touche), on ne pourra que reconnaître l'alchimie des voix sur le duo
Trouble, avec la jolie voix de l’invitée, Célia.
Ainsi, après l'écoute de cet EP, on ne trouve plus à lui reprocher... que sa courte durée. Mais trêve de prétextes, vous remédierez à cela par une simple mise en boucle. Il ne vous reste qu'à faire courir votre souris pour vous le procurer...
Chroniqué par
Guillaume
le 17/06/2004