Un album original, ça vous tente? Effectivement on peut considérer l'originalité comme un atout majeur de nos jours et en ce qui concerne la musique, toutes les musiques.
Avec
Basidia, attendez vous à en prendre plein les oreilles, car au niveau du mix ambiance/electronica, il faut reconnaître que c'est du très bon boulot.
D'un point de vue global, les morceaux sont construits (approximativement) selon le même schéma : Une couche d'ambient éthérée en second plan, recouverte avec brio par tout un enchevêtrement de sonorités electro, du drone le plus discret et microscopique, jusqu'à la longue plainte bruitiste et digitale des machines. Cependant, à aucun moment le son ne tend vers l'agressivité ou la violence, dont certains artistes usent et abusent pour pallier un certain vide conceptuel de leur oeuvres. Ici, c'est le calme qui règne. Le calme mystérieux des nappes nébuleuses et mélancoliques de certains titres (
Mycosis et
Saprobe en tête de liste). La sérénité attractive des grooves, quasi-exclusivement downtempo, véritable morphine virtuelle, s'insinue dans nos tympans, coule dans nos veines et enveloppe la conscience de son voile d'encre et de cendre, pour mieux amener l'auditeur à un état de transe presque spirituelle.
Tout ce qui fait le charme (avec un grand C) de la musique électronique s'y retrouve : Fréquences graves ou aigues, malaxées et propulsées au travers de l'espace, aspect chirurgicale et labyrinthique d'une multitude de drones et autres bruits creux ou organiques, sans oublier l'inaltérable jeu de la stéréo, offrant encore plus de vie dans cet univers décharné et illimité.
On pense à
Gridlock dans ses penchants les plus minimalistes, ou encore à
Lapsed pour la similitude sonore et l'aspect immaculé des compositions.
Evidemment
Horchata ne copie rien, il innove. Comment ne pas se laisser séduire par le groove accrocheur de
Demicyclic ou l'atmosphèrique et clicks n'cuts final
Gleba...
En bref, un album très intéressant, dans lequel le son s'arrondit, forme des courbes, caresse notre cortex puis se retire de notre espace vital en laissant derrière lui des éclats métamorphiques et spectraux, comme une vague en phase de reflux, dépose sur le sable humide, une fragile et dense strate d'écume, impalpable et pourtant bien réelle.
Vivement conseillé.
Chroniqué par
Yragael
le 12/05/2004