Aïwa, un mot arabe qui voudrait presque dire oui. Dans son premier album éponyme, le collectif rennais
Aïwa, créé par deux frères irakiens, nous offre un bain de soleil musical savamment rafraîchi par des influences électroniques très hétéroclytes. Quand Naufalle et Wamide ont constitué leur groupe, leur optique était de réaliser une musique basée sur des sons breakbeat allégés par des sonorités orientales punchy. Cette orientation artistique se retrouve notamment dans les titres
Groovy ou encore
Shbikoum (répétez ce mot plusieurs fois, vous verrez que le titre est bien choisi). Mais la musique d'
Aïwa s'exerce en fait sur de nombreux styles électro tout au long de cet album. Le titre
Azeri nous propose ainsi un subtile mélange de ragga, sur un fond musical très traditionnel où se mêlent derboukas et guitares, et avec, la cerise sur le gâteau, une bonne série de scratches
in fine. S'enchainent ensuite des titres offrant une explosion de sons et de chants dans le même esprit. Et puis les phrasés rap, ragga ou les chants ethniques boostent bien certains titres et le premier morceau de l'album,
Yiyi, en est un illustre exemple. Quel punch ! D'incroyables gimmicks donnent direct le ton et l'envie de poursuivre l'écoute de cet album suit tout naturellement.
Les artistes nous offrent en fin d'album une petite razzade de titres orientée dub relativement intéressante, mais pouvant être perçue à l'oreille par certains amateurs de dub de manière plus expérimentale. Grâce à cet essai néanmoins réussi, on se rend bien compte qu'
Aïwa s'ouvre ainsi à toutes les expériences et c'est tant mieux. L'album reste également singulier par la présence de courtes
Interludes, se faufilant habilement entre les titres et nous proposant de bons mix parfois orientés drum'n'bass, parfois ponctués de bruits de fond comme capturés sur un marché aux épices.
Pour certains, la musique d'
Aiwa s'apparente à une corne d'abondance musicale très colorée, pour d'autres, cela fait beaucoup de choses. Forcément, à la première écoute, on peut légitimement se demander si
Aïwa ne se recherche pas un peu puisqu'il balaye à la fois trip-hop, dub, rap, groovy, jazzy accoustique. Mais il en est rien. Car, quel que soit le son, l'intervention des notes arabisantes et des instruments traditionnels se calque parfaitement sur des bases électro bien maîtrisées. Alors écouter
Aïwa, c'est comme ouvrir grand une fenêtre sur le monde et y voir toutes ses richesses du passé et du futur.
Chroniqué par
Lilo
le 01/03/2004