Lorsqu’il ne fonde pas le label Jazzland aux côtés de Sten Nielsen, on peut entendre
Bugge Wesseltoft en sideman de luxe pour
Jan Garbarek,
Sidsel Endresen ou bien encore
Eivind Aarset, guitariste et "frère de son" de
Nils Petter Molvær.
Ou bien encore sur l’album
Moving, son dernier projet studio venu du froid.
De longs développements, des ambiances épurées, quelques rares samples distillés avec classe et parcimonie.
Bugge Wesseltoft affine une nouvelle fois son approche du jazz. Le mélange avec le tissu électronique crée une sorte de sucré/salé des plus agréables. On touche ici à un équilibre qui fait si souvent défaut à nombres de productions nu jazz.
Les morceaux sont longs (dix minutes en moyenne) mais leur construction est impeccable. A la manière d’un
Keith Jarret,
Bugge Wesseltoft semble se délecter de longues introductions dans lesquelles il livre quelques clefs mélodiques. Et puis l’improvisation surgit. Alors la musique peut flirter avec la transe, tout du moins avec une plénitude qui semble suspendre le temps !
Ce disque à l’atmosphère cool et mélancolique ne manque pas de groove pour autant, à l’image de la contrebasse bondissante et toujours chaleureuse. Le couple complice que celle-ci forme d’ailleurs avec les claviers de
Bugge Wesseltoft (le son du Rhodes est d’une douceur inouïe) est une des grandes réussites de cet album.
Avec
Moving,
Bugge Wesseltoft poursuit sa quête d’une nouvelle conception du jazz, convaincu que cette autre manière de penser l’improvisation et son rapport à l’électronique n’en est qu’à ses balbutiements. Une démarche que n’aurait pas reniée
Ornette Coleman, autre défricheur de génie. Tous deux sont hantés par ce que l’homme au sax blanc avait un jour baptisé :
The Shape of Jazz to Come.
Chroniqué par
Possum Jenkins
le 26/02/2004