Pour les connaisseurs, le premier contact avec
Cellblock se fait visuellement. En effet, c'est Martin Pels, photographe sud-américain à qui on doit certaines illustrations photographiques de pochettes des artistes de CMI (comme
Raison d'Etre), qui donne le ton. La reclusion totale et irréversible est le thème développé au travers des 12 titres de l'album.
Passées les présentations durant
Entrance, les ténèbres tombent vite, très vite.
Black lace renferme en lui toute l'essence même de
Cellblock. Un ambient lourd et schizophrène, alliant la latence de nappes graves aux exclamations bruitistes et métalliques, échos inhumains d'un lieu vaste et fermé. L'humide
Corridor empreint d'un fulgurant sens du dramatique, oscillant entre folie montante et désespoir complet. Vision troublante de cloisons infranchissables et possessives, couverte de rouille et esclave du temps. Une simple ampoule ferait-elle office d'astre stellaire ? C'est la question que l'on peut se poser en écoutant
Blue moon et son titre énigmatique. Electrique et torturé, invraisemblable mélange de petits détails sonores angoissants et anormaux. Puis vient le temps de
Depth, à peine animé par ce lancinant frottement rugueux, difficilement assimilable à un quelconque rythme, bientôt noyé dans une masse informe et opaque faisant ici office de corps au morceau tout entier. Détour industriel avec
Halls of steam, véritable coïncidence machinale et sans intelligence, baignant dans une aura sombre et malveillante, avant de plonger une fois de plus dans les abîmes malsains de l'enfermement pendant
Reborn. Enfin,
Inner carceri laisse décanter son fluide noir, éloignant le pur du contaminé, le soleil de la nuit permanente. Grondements sourds, état de désolation et fuite impossible, pour une conclusion laissant un arrière-goût d'inachevé.
Dommage que
Cellblock ne soit pas d'une originalité fracassante, mais tout de même. Il peut encore arriver qu'une production de pur dark ambient relève quelque peu le niveau. A conseiller uniquement aux puristes et aux vrais amateurs d'artistes estampillés
Cold Meat Industry.
Chroniqué par
Yragael
le 23/11/2003