Le titre est explicite : le nouvel album de
Plastikman,
Closer, est une tentative de rapprochement ; venir plus près comme synonyme de se confier, de se raconter. Dissimulé derrière le masque du pseudonyme et de la technologie qu’il affectionne,
Richie Hawtin, l’homme, l’artiste, a choisi de se livrer plus que dans ses précédentes productions. C’est dans l’isolement de Windsor dans l’Ontario, propice à l’exploration de son intériorité, de ses sentiments personnels que cet Anglais expatrié au Canada a enregistré ce cinquième album de la série
Plastikman.
Si
Closer est bien un album de
Plastikman, la personnalité entière de
Richie Hawtin et de son œuvre marque l’album de l’empreinte de leur dualité. De
Plastikman, brillant compositeur d’une techno minimaliste, cérébral et abstraite, il hérite ces infimes variations de motifs sonores complexes et répétitifs qui s’entrecroisent, s’entrecoupent, s’entrechoquent et s’entrelacent et de
Richie Hawtin, remarquable DJ qui a prouvé à travers les albums
Decks, EFX & 909 et
DE9: Closer to the Edit qu’il maîtrise parfaitement l’art du mix, exercice de goût et de technique, une attention constante au rythme tant au beat en lui-même qu’à l’alternance de temps forts, cadencés et de temps faibles, plus contemplatifs.
L’impressionnant
Mind in Rewind est l’exemplaire expression de cet alliage ; plus de dix minutes d’une atmosphère délicieusement oppressante et inquiétante de laquelle se dégagent une rythmique hypnotique et complexe, où se répondent lourdes pulsations et clappements secs, et la voix manipulée, distordue, de
Richie Hawtin, voix humaine qu’il expérimentait déjà en compagnie de
Sven Väth sur le mix subversif,
The Sound of the Third Season. Le rapprochement passe par la parole. De fait,
Closer est un album intimiste, habité, peut-être moins puissant que
Consumed, le chef d’œuvre de l’artiste, mais terriblement envoûtant. Venez écouter
Plastikman droit dans les yeux.
Chroniqué par
dfghfgh
le 10/11/2003