Eté 1993, New York.
Jeff Buckley est à l'aube d'une fulgurante carrière. Artiste Columbia déjà, il multiplie les shows intimistes dans plusieurs cafés de la métropole américaine et se taille une réputation grandissante.
Les sessions live enregistrées à Sin-é par le label qui pressentit heureusement pour nous le génie de Jeff sont une chance unique pour les fans de se plonger dans l'atmosphère d'un de ces moments de grâce musicale qu'offrait Jeff à son public.
Muni de sa seule guitare, de sa voix en or et de sa gueule d'ange, Jeff faisait éclater son talent avec simplicité et modestie, comme en témoigne magnifiquement ce double album où l'on y entend Jeff entre deux morceaux communiquer avec son public et le faire rire. Cette ambiance unique, quelques uns ont eu la chance de la vivre il y a dix ans. Pour les autres, elle est immortalisée sur ce précieux double CD.
Plus de deux heures de musique émaillées d'échanges avec le public.
On découvre avec bonheur les premières versions de morceaux qui deviendront des classiques avec l'album
Grace, tels
Eternal Life,
Mojo Pin ou encore
Unforgiven (Last Goodbye). Jeff joue ses morceaux, mais il pioche également dans le répertoire de ses idoles (
Nina Simone,
Bob Dylan,
Van Morrison,
Led Zeppelin,
Leonard Cohen...)
Chaque morceau vit entre ses doigts experts et dans sa voix enfiévrée avec beaucoup d'intensité, ce qui n'empêche pas le jeu, notamment lorsque Jeff s'amuse sur deux accords de
Nirvana ou imite Jim Morrison.
C'est qu'il s'agit de plaisir avant tout, plaisir de jouer et de chanter, et de partager cet amour de la musique avec les autres . Cette générosité, l'auditeur la ressent avec beaucoup d'émotion à l'écoute de ce live.
Chaque morceau est un pur instant de beauté, que ce soit lorsque la voix se colore de la profondeur de la soul sur
If I Knew de
Nina Simone, révèle sa virtuosité à travers les acrobaties vocales de
The Way Young Lovers Do ou illumine
Hallelujah de sa grace, toujours accompagnée d'accords de guitare lumineux.
C'est la joie simple d'un musicien virtuose que nous offre ce live magnifique.
Chroniqué par
Imogen
le 01/10/2003