Un film indépendant et sa B.O.. Jusque là rien d'extraordinaire. Mais lorsque l'on sait qu'elle a été composée par
Lisa Gerrard (que je ne vous ferais pas l'affront de vous présenter), l'interêt suscité trouve alors une vraie raison d'être. Pour ceux qui ont usé leur lecteur cd avec celle du film
The Insider, la relève devrait être assurée. Que ceux qui s'imaginent tenir entre leurs mains un album de new age soporifique se détrompent ;
Whale Rider honore la musique atmosphérique et délicieusement contemplative. Le son immense des grands espaces de la rêverie, allié aux couleurs intemporelles de l'imagination, se trouve ici sublimé. Première constatation, la voix de Lisa y est très largement en retrait, comme fondue dans l'architecture douce et suave d'orchestrations grandioses. Comme un instrument parmi les instruments, le chant onirique de l'ex-
Dead Can Dance se mêle à l'ensemble musical, evanescent et (parfois) fantômatique. Qui de l'homme ou de la baleine lancera alors sa plus touchante complainte... Mélancoliques sans être tristes, profonds sans être abyssaux, les quinze titres de ce receuil pour songerie solitaire portent et emportent à la dérive des grands courants le naufragé d'un océan de cristal, tour à tour auditeur ou spectateur. A l'écoute du chant des sirènes, les sens se perdent dans une léthargie délicate, bercés d'images inconnues et éphémères. Mention spéciale pour le morceau
Journey Away et son mélange de rythmes tribaux saupoudrés de soft electronica (chose assez rare pour être soulignée), noyés dans une abîme mélodique, mouvante et inconstante.
Il faudra encore patienter avant de retrouver Lisa sur un album solo. Offrez donc à vos tympans, engourdis par l'automne qui approche, un peu de liberté. En attendant la suite de l'histoire, les oraisons féériques de la mer vous invitent au grand voyage.
Chroniqué par
Yragael
le 08/09/2003