Half Japanese – Jump Into Love (Fire Records)
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La bande à Jad Fair (contemporain d’un certain Daniel Johnston) continue de produire des albums aux compositions flirtant avec un (post-)rock rétro (Jump Into Love) et une pop avant-gardiste (Shining Sun). Tel un meneur de fanfare au mégaphone, le bientôt septuagénaire poursuit l’aventure Half Japanese tel un porte-drapeau inarrêtable, sans faille. Entre les compositions plus dans la retenue (The Answer Is Yes) et les titres pétaradants (True Love Will Save The Day), Half Japanese réalise avec Jump Into Love un pari improbable mais simple : celui de continuer à proposer une musique rock alternative de qualité après presque un demi-siècle d’existence.
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Andrew Bird – Outside Problems (Wegawam Music)
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Andrew Bird, le violoniste à succès originaire de Chicago, nous emporte à nouveau avec lui dans ses mélodies staccato (Tik Tok et son ambiance orientale) et ses boucles enivrantes (What We Saw) avec Outside Problems. L’album est une compilation de compositions instrumentales, jouées principalement sur les fameuses boucles au violon de l’artiste (le blues de Mancey happe l’auditeur dans l’ambiance générale du disque). Les thèmes et les improvisations rendent honneur au talent d’Andrew Bird, véritable orfèvre mélodique dont les influences vastes transpirent sur ce nouvel album (Mormon House Party).
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Activity – Spirit in the Room (Western Vinyl)
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Trois ans après leur album à succès Unmask Whoever, le quatuor Activity revient avec Spirit in the Room. L’album à l’ambiance sombre caractéristique de la formation new-yorkaise continue d’explorer cet univers inquiétant et chaleureux (Heaven Chords), torturé mais aussi pop (Icing sorte de version accélérée d’un titre de Seefeel), toujours habillé par la voix éthérée et étouffée du frontman Travis Johnson (Careful Let’s Sleepwalk). Les compositions du groupe gardent cet aspect théâtral, presque cinématographique (Where The Art Is Hung), notamment grâce aux nappes de claviers et aux arpèges de guitare enlevés. Une copie sans faute qui donne envie de se plonger d’autant plus dans leur univers.
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Jungle – Volcano (Caiola Records)
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Loin des tendances des réseaux sociaux et des nominations et autres reconnaissances internationales, le Volcano du duo britannique Jungle est un album léché qui rend hommage au disco des années 80 (Don’t Play, Problemz). Les deux producteurs anglais Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland ont pour cet album développé une direction artistique et sonore de qualité, comme en témoignent les performances scéniques et chorégraphiques des clips vidéos signées Shay Latukolan. Côté collaborations, la chanteuse et multi-instrumentiste Lydia Kitto mène la troupe Jungle sur le dancefloor (Back On 74). Du beau monde la rejoint sur certains des titres de l’album : le rappeur anglais Roots Manuva sur You Ain’t No Celebrity, le rappeur américain Erick the Architect sur le disco de Candle Flame (aux sonorités proches de The Avalanches) ou encore son compatriote Channel Tres sur le titre I’ve Been In Love. Un album chaud et dansant qui mérite ses galons.
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Corinne Bailey Rae – Black Rainbows (Thirty Tigers)
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C’est dans un style tout nouveau (du moins pour votre serviteur) et dans une lignée à la limite entre Leslie Feist (Erasure) et Erikah Badu (Red Horse) que Corinne Bailey Rae présente son nouvel opus Black Rainbows. Avec des instrumentations pop, rock et nu soul, qui nous évoquent également l’univers de Flying Lotus (Black Rainbows), la britannique joue à foison de ses talents de multi-instrumentiste et de chanteuse à la voix tantôt douce et suave (He Will Follow You With His Eyes), tantôt puissante et agressive, notamment sur l’hymne Blur-esque et féministe New York Transit Queen. Un beau concentré de musique d’une artiste à plus de 15 ans de carrière.
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The Chemical Brothers – For That Beautiful Feeling (EMI/Virgin)
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À nouveau un duo de producteurs de musique électronique britannique ! Les légendaires Chemical Brothers (Tom Rowlands et Ed Simmons) ont également sorti cette année un nouvel album. Nommé For That Beautiful Feeling, le titre et la pochette (très colorée) et les sonorités de l’album nous rappellent (à nouveau, décidément) The Avalanches. La couleur, la joie et l’amour sont donc à l’honneur sur ce nouvel album (Live Again). Niveau collaborations, on retrouve Beck Hansen sur le titre Skipping Like A Stone. Autre chanteuse collaboratrice : Maud Nadal alias Halo Maud (cocorico). La française apparaît sur deux morceaux de l’album, dont le titre éponyme For That Beautiful Feeling. Belle idée des Chemicals Brothers pour défendre leur album. Un groupe définitivement de son temps.
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Jirou Inagaki & His Soul Media – WaJazz Legends: Jiro Inagaki - Selected by Yusuke Ogawa (Universounds) (Nippon Columbia)
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Le WaJazz (du japonais « 和ジャズ- Wa Jazu », qui signifie « jazz japonais ») est le nom donné au jazz japonais, en particulier le jazz fusion des années 70. Le saxophoniste Jirou Inagaki, véritable légende du style, l’a porté et défendu avec la formation Soul Media. Cette compilation, réalisée par Yusuke Ogawa (expert reconnu de jazz et patron du disquaire tokyoïte Universounds) est donc le parfait prétexte pour découvrir ce style et surtout les compositions de Jirou Inagaki et de sa formation. On y retrouve des titres d’inspirations funk à la James Brown (Twenty One), mais également des titres plus hétéroclites, comme le blues de Theme ou le jazz atonal Freedom Jazz Dance, reprise du saxophoniste noir américain Eddie Harris, dont le punch et la rythmique trouvent plus leur inspiration du côté de Miles Davis et de sa version Freedom Jazz Dance (Evolution of the Groove). Une leçon de genre à consommer sans modération.
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Sufjan Stevens – Javelin (Asthmatic Kitty)
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Après de nombreuses collaborations ces dernières années, notamment avec Angelo De Augustine (A Beginner’s Mind,2021), Timo Andres (The Decalogue, 2019) ou même son propre beau-père Lowell Brams (Aporia, 2020), le new-yorkais Sufjan Stevens sort Javelin, un concentré de musique pop, électronique et folk. C’est que l’on connaît surtout l’artiste pour son touchant album de 2015 Carrie & Lowell (qu’on ne saurait que vous recommander). Mais les débuts de l’artiste ont été plus folk (Illinoise, 2005) puis pop électronique (avec l’excellent The Age of ADZ, 2010). Javelin semble être l’héritier de cette période post-deuil/post-collaborations, plus apaisée et toujours aussi touchante (Will Anybody Ever Love Me ?) Le talent de composition de l’artiste transpire tout au long des compositions de l’album (Everything That Rises, Shit Talk). Avec une voix toujours aussi sensible et claire, Sufjan Stevens nous donne avec Javelin un bel album pop qui saura plaire aux amatrices et amateurs d’indie pop (Goodbye Evergreen).
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André 3000 – New Blue Sun (Epic Records)
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Et non ! Le premier album solo d’André 3000 (membre du duo de hip-hop à succès Outkast avec Big Boi) n’est pas un album de rap ! Même si toutefois le thème de I Swear, I Really Wanted to Make a 'Rap' Album but This Is Literally the Way the Wind Blew Me This Time nous rappelle les expérimentations de Karim Riggins. Ce n’est pas non plus un album hip-hop, bien que Ninety Three 'Til Infinity and Beyoncé rende hommage à la Queen B et au célèbre album des Souls of Mischief. New Blue Sun est un album instrumental de musique ambient, dans la lignée de la célèbre jazz woman Alice Coltrane, et surtout de son légendaire partenaire Pharoah Sanders. L’artiste américain joue de la flûte et flirte avec des compositions fleuves électroniques aux titres alambiqués, à la fois paisibles et bruitistes, mais résolument psychédéliques (Katmandou n’est pas loin avec Dreams Once Buried Beneath The Dungeon Floor Slowly Sprout Into Undying Garden). D’ailleurs, la composante électronique de l’album nous rappelle le britannique Floating Points, dernier partenaire du défunt saxophoniste. La boucle est bouclée, l’esprit est sublimé.
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Danny Brown – Quaranta (Warp Records)
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On retrouve le rappeur américain Danny Brown sur ce nouvel album Quaranta. Toujours aussi incisif, l’artiste originaire de Détroit déroule durant un peu plus d’une demi-heure des textes personnels, notamment sur le titre d’ouverture Quaranta (quarante en italien), bilan de vie d’un artiste de rap quadragénaire face aux critiques : « Nigga, you 40, still doing this shit? When you gon’ stop ? But God gon’ make you quit » (trad. : « N****, tu as 40 ans et tu fais encore cette merde ? Quand est-ce que tu vas arrêter ? Un jour, tu vas abandonner, si Dieu le veut »). La production musicale est léchée avec des arrangements associant instruments joués (Bass Jam) et samples hip-hop (Y.B.P., Ain’t My Concern). Côté ambiance musicale, on retrouve les classiques titres coups de poing signature de Danny Brown (Tantor, Dark Sword Angel), attestant de la créativité toujours aussi flamboyante de l’artiste.
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