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C'est quoi la musique ?

: #23 : William Ryan Fritch



Double actualité pour le californien William Ryan Fritch​ qui a sorti cette année deux œuvres s'ajoutant à sa riche discographie et décrivant chacune une facette de son travail : la folk terreuse et percussive sur The Dregs et le modern classical de Deceptive Cadence. L'occasion de lui poser notre fameuse question : C'est quoi la musique ?

Honte à nous, c'est la première fois que nous évoquons dans nos pages le cas William Ryan Fritch alors que cela fait plus de dix ans que ce musicien californien prolifique arpente une folk passionnante constituée de sommets gracieux autant que de gouffres vertigineux. Le compositeur a déjà écrit sous son propre nom ou sous l'avatar Vieo Abiungo une flopée d'albums précieux (tous disponibles à cette adresse) entre ciel et terre dans lesquels il exerce tous les instruments. Ce dernier y développe une musique aux aspérités diverses et aux pouvoirs d'immersion multiples, teintée ici d'envolées modern classical ou là d'instrumentations percussives issues de folklores ethniques d'Afrique ou d'Asie. William Ryan Fritch nous a offert cette année chez Lost Tribe Sound deux œuvres somptueuses nous laissant découvrir deux des facettes de cet artiste protéïforme : le tribal et hypnotique The Dregs ainsi qu'un double album très dense compilant les musiques composées pour quelques films : Deceptive Cadence. Cette double actualité était bien l'occasion parfaite pour lui poser notre question : c'est quoi la musique ? On le remercie infiniment pour sa réponse.

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To me, what differentiates music from sound is much like what separates a vegetable grown for sustenance from wild plant matter.

I think of the endless ways we as listeners and creators of music tend, isolate, cultivate, shelter, deprive, or embrace the wilderness of a sound much like being the steward to a garden. Through time and attention, any diurnal rhythm can be metered, vagrant tonality harmonized and the incomprehensibly complex arranged and made deducible.

What each of us want from our gardens/music differ dramatically and the decisions we make of what to grow , how we prune and weed out unwanted material, when to harvest etc etc etc.... all come to define us as cultivators.

Not knowing the limitations of the environment we're trying create in and maintain can yield rather meager results. Just as our sensitivities and proclivities can make us sometimes pretty shitty listeners/composers/gardeners sometimes choking the the life out what needn't have our domineering hand or letting something in desperate need of space and light wilt from inattentiveness.

Sound doesn't need our intervention to be beautiful or wrenching or haunting. It is all those things and more with millions of random sonic cohesions, recurrences and ephemeral symmetries crossing our senses every second that have inherent potency beyond what our ears and minds can define.

However, there are few greater pleasure and processes to honor and appreciate what remains wild and uncontainable than that of creating and growing what you love.

William Ryan Fritch

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Pour moi, demander ce qui différencie la musique du son est un peu comme demander ce qui différencie un légume bien entretenu d’une plante sauvage.

Je pense au nombre incalculable de façons dont nous, auditeurs et créateurs de musique, nous occupons, isolons, cultivons, protégeons, déracinons ou embrassons la nature sauvage d’un son, comme le ferait un jardinier. Avec du temps et un peu d’attention, n’importe quel rythme diurne peut être dosé, une tonalité vagabonde peut être harmonisée et ce qui est incompréhensible et complexe peut être arrangé et rendu déductible.

Ce que chacun d’entre nous souhaite obtenir de son jardin/sa musique diffère énormément et les décisions que nous prenons (que faire pousser et élaguer? quels mauvaises herbes et contenus non désirés ôter? quand récolter les fruits de son labeur? ..) nous définissent en tant que cultivateurs.

Ne pas connaître les limites de l’environnement que nous essayons de créer et de maintenir peut mener à de bien maigres résultats. Tout comme nos sensibilités et propensions peuvent nous faire devenir de bien mauvais auditeurs/compositeurs/jardiniers, parfois extirper ce qui ne nécessite pas notre main dominatrice ou le laisser dans un besoin désespéré de lumière et d’espace peut le conduire à se flétrir par manque d’attention.

Le son n’a pas besoin de notre intervention pour être beau, ou déchirant, ou envoûtant. Ce sont toutes ces choses et plus, avec des millions de cohésions soniques hasardeuses, de récurrences et de symétries éphémères traversant nos sens chaque seconde, qui ont ce pouvoir originel, au delà de ce que nos oreilles et nos esprits peuvent concevoir.

Cependant, il n’y a pas de plaisir et de processus servant à honorer et apprécier ce qui reste sauvage et incontrôlable plus grands que l’acte de créer et de faire grandir ce que vous aimez.

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Traduction : Jonathan



par Romain
le 04/06/2019

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