"Rien de tel pour se réveiller qu'un abcès crevé"
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Aujourd'hui nous fêtons les 20 ans de l'album Remué, l'une des inestimables perles noires de la chanson française, signée par un Dominique A au meilleur de sa forme. Forme artistique s'entend puisque l'artiste traversait à cette époque une phase tourmentée de sa vie personnelle, des états d'âme négatifs mis justement en musiques et en textes dans ce qui restera l'un des sommets de sa discographie. Des musiques et des textes certes, c'est-à-dire le minimum syndical de ce qui doit servir à construire une chanson, mais Remué trouve principalement sa richesse crépusculaire dans son travail sophistiqué sur les sonorités.
Hormis quelques respirations mélancoliques aux arrangements acoustiques soignés (Avant l'enfer, Le détour, Je suis une ville), les sonorités de Remué sont abruptes, rêches, dissonnantes, puisant çà et là certains samples hypnotiques de provenance inconnue (Exit) et allant même jusqu'à invoquer les fracas métalliques de l'indus (l'intro de Encore) ou du noisy rock (Comment certains vivent). Ces textures sonores ténébreuses se mettent au diapason de paroles toujours au bord du gouffre, évoquant autant la misère humaine que le désert affectif. Il fallait bien une telle plongée pour crever l'abcès, se remuer pour enfin se "re-muer" et aller de l'avant. C'est peu dire que Remué remue, et 20 ans plus tard tout autant, toutefois il ne remue pas que les mauvaises odeurs et sait toujours extraire de sa noirceur sinon une émotion intense du moins un sacré chamboulement des sens.
