Il y a un quart de siècle sortait ce second et ultime album de Drive Like Jehu, quator de San Diego à la croisée des genres et à la carrière malheureusement expéditive (mais deux de leurs membres ont ensuite fondé les excellents Hot Snakes). Prenez le meilleur de l'emocore (Fugazi) et du noisy rock à guitares sales et hystériques (Sonic Youth) de l'époque, à ça vous ajoutez les éructations d'un chanteur tendance screamo carrément méchant, jamais content, les martèlements d'un batteur qui a mangé du lion et quelques plans à la frontière du hard & heavy et vous obtenez Yank Crime, classique instantané du rock à larsens dont l'incandescence fait encore aujourd'hui saigner les oreilles de ceux qui veulent bien s'y aventurer.
Si l'album reprend peu ou prou la même recette que son prédécesseur, le groupe avait cette fois-ci l'envie féroce d'en découdre en poussant toutes les aiguilles dans le rouge, donnant plus à subir leurs nouveaux morceaux qu'à les écouter. Dès le premier morceau, l'excessivement violent Here Come the Rome Plows, on comprend qu'il va falloir enfiler la combinaison de protection si l'on souhaite poursuivre l'écoute sans y laisser des dents. Et les nouvelles bombes à fragmentation ne vont pas tarder à arriver. Pour cet oldie on en a choisi trois : l'ascenseur émotionnel de Do You Compute, l'art de la répétition ternaire ad nauseum de Luau et les cassures rythmiques de Human Interest. Donc trois façons de puncher un auditeur masochiste qui en redemande, ou plutôt trois morceaux variés dans leurs structures et prouvant que derrière les débordements d'électricité se cachent des formes de composition plus complexes qu'elles n'en ont l'air.
