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L'Oldie de la semaine

: Native Nod - Today Puberty, Tomorrow The World (1995)



La récente réédition de la discographie de The Van Pelt nous ramène avec cet Oldie de la semaine au premier groupe de Chris Leo, Native Nod. Une occasion de s'enfoncer dans les obscures territoires emo des années 1990...

Si l’emo jouit aujourd’hui d’une réputation usurpée, en grande partie à cause de ces opportunistes arrivistes des années 2000 (My Chemical Romance, Fall Out Boy ou pire), il fut pourtant l’incarnation d’une forme d’expression punk bien particulière, qui découlait directement du post-hardcore américain. Moins brutal et plus mélodique que son ainé, l’emo se caractérise surtout par la singularité de son chant, imprégné de spoken word et d’hurlements déchirants, ayant pour effet de maximiser l’impact émotionnel (emo pour emotional hardcore donc).

La décennie 90 vit donc, grossièrement, l’emo emprunter deux nouvelles directions. Là où certains groupes ont radicalisé l’agressivité dans le chant et se sont faits habilement qualifier de screamo (au hasard Envy), d’autres ont manifesté une sensibilité plus pop, en particulier dans le Midwest, et ont finalement aseptisé la recette pour aboutir à ce que l’on nomme simplement le midwest emo (avec comme figure de proue American Football).

Je conçois que mon attachement à la description des genres puisse sembler paradoxale, tant la plupart des groupes rechignent à accepter ces étiquettes. Par ailleurs, le phénomène n’est en rien propre à l’emo (Low et le slowcore ou encore Godspeed You ! Black Emperor et le post-rock sont de bons exemples). Pour autant, je la trouve par moment particulièrement éclairante.

Ainsi, le présent Oldie, consacré à Native Nod, souhaite s’attarder à faire l’éloge d’un pilier un peu sombre de ce que je nommerai modestement l’emo 90’s, pour qualifier ces groupes encore accrochés au post-hardcore mais exprimant une sensibilité nouvelle pour le genre. Une anxiété qui imprègne les neuf morceaux laissés par le groupe et rassemblés sur Today Puberty, Tomorrow The World.

Le titre de la compilation résume à lui seul l’essence de l’emo, genre captant une tranche de vie où le monde ne semble représenter que désillusion et inquiétude pour ses protagonistes. Ainsi, Native Nod nous délivre toujours une énergie très caractéristique du post-hardcore, mais celle-ci s’est retrouvée emprisonnée dans une angoisse presque morbide. La ligne de basse devient plus sombre et inquiétante, notamment sur Back to Mimsey, où une gueule de bois semble tourner à un cauchemar nihiliste halluciné. Le constat est le même avec le morceau Runner, où les rires sarcastiques du chanteur Chris Leo, qui décrit l’aliénation de ses proches, me glacent littéralement le sang.

Native Nod, c’est une Amérique encore enragée, qui s’enfonce cependant lentement et surement dans une funeste déprime. Chris Leo formera par la suite The Van Pelt et dira adieu à la fureur des débuts.



par Éloi
le 03/06/2017

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