1978 sonne l'agonie du punk en Angleterre. Après avoir déboulé dans le paysage musical et culturel du pays avec une fulgurance inouïe, le voilà qui disparaît aussi vite qu'il est apparu, bientôt balayé sur place par les expérimentations du post-punk.
Wire, comme beaucoup d'autres groupes britanniques de l'époque, sont nés de l’énergie libératrice du punk. Leur premier album Pink Flag brule de cette rage et de ce dépouillement caractéristique du genre. Mais très rapidement, Wire, et ses quatre londonniens aux idées larges, Graham Lewis, Bruce Gilbert, Colin Newman et Robert Gotobed, s’orientent vers un rock plus sophistiqué et merveilleusement ciselé.
Dans l'interstice qui sépare la fin du punk de la déferlante new-wave, les quatre gosses arty de Wire se placent défintivement aux avant-postes d'un rock défricheur et affranchi du poids du passé, notamment avec leur deuxième album Chairs Missing, sorti en 1978 chez Harvest Records. C'est resté un jalon de la scène post-punk avec sa production extrêmement moderniste et anguleuse, constistituée de lignes de basse et de synthés froides et envoutantes, de guitares cinglantes mais domptées, et d'un chant habité.
Entre autre, l’écrin rock fantomatique du titre Practice Makes Perfect brille encore aujourd’hui de cette classe et de cette beauté glaciale que l’on retrouvera chez leurs compatriotes Joy Division, The Cure ou Siouxsie and the Banshees. Mais plus encore, Chairs Missing annonce pour les oreilles de l'époque l'arrivée de 154, qui clôt en 1979 la trilogie entamée par ces expérimentateurs et qui demeure encore aujourd'hui leur chef d'oeuvre indépassable.
par
Noémie
le 06/04/2014
