De Louie Louie à Goo Goo Muck, les Cramps n'ont jamais cessé de faire la danse des morts pour ressusciter les vieux standards du rock'n roll et les renverser de l'intérieur. En se nourrissant autant des films d'horreur de séries Z alors en vogue dans les années 70 que de l'esthétique trash et subversive du John Waters de la première heure, le couple Lux Interior et Poison Ivy ont marqué l'histoire du rock. On trouve raffinée, dans leur rock à papa zombiesque, comme une impression de folie furieuse. De quoi retrouver l'esprit transgressif du glam pour mieux revenir à la lettre et l'esprit du rock des premiers âges, cette musique de voyous, teintée de sexe et de violence.
Des titres lascifs et dépenaillés comme Goo Goo Muck arrivent peut-être comme un ultime soubresaut du glam. On en ressent encore la sensualité, mélangée à une forme d'obscénité complètement décalée. Entre fascination et répulsion: Goo Goo Muck et ses vociférations troublent encore l'auditeur aujourd'hui. Le pouvoir de subversion de la sexualité et de l'animalité retrouvées véhicule une énergie primitive et des images bataillainnes comme celle de Divine mangeant ses excréments dans Pink Flamingos, le film de Waters. Les Cramps allaient par leur musique scandaleuse et sexuelle ouvrir la voie à tout un bestiaire de formations, de Siouxie & The Banschee à Bauhaus, et préfigurer une esthétique goth', aujourd'hui définitivement vidée de toute substance et d'intérêt.
par
Patrice Vibert
le 09/02/2014